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Par Antoine Gallardo le 11 Juin 2017 à 10:11
Je reprends ici l'intégralité de l'article paru le 5 juin 2017 sur le site des Découvreurs animé par Georges Guillain.
À la fin de l'article vous trouverez un lien pour télécharger le dossier complet de Lame de fond émit par le Prix des Découvreurs 2017-2018.
Nous connaîtrons le nom du livre primé par les étudiants, lycéens et collégiens en avril 2018, d'ici là faite participer vos étudiants, lycéens & collégiens en vous inscrivant auprès des Découvreurs ici.
SÉLECTION DÉCOUVREURS.
GÉNÉROSITÉ DES MORTS. LAME DE FOND DE MARLÈNE TISSOT.
« Je voudrais écrire mieux » affirme Marlène Tissot dans Lame de fond, l’ouvrage que nous venons de sélectionner pour l’édition 2017-18 du Prix des Découvreurs. Certes, malgré tout le talent dont un auteur peut disposer, il lui est difficile de hausser sa parole au-dessus des clichés qui s’offrent spontanément et de trouver les mots qui parviennent à répondre à l’appel que nous adressent les êtres et les choses par lesquels nous faisons parfois l’expérience de nous sentir traversés.Alors, dire ce qu’une jeune vie doit à une autre qui vient de disparaître et tenter de la reconstituer vivante au cœur d’un petit livre d’une soixantaine de pages, est une entreprise dont chacun comprend bien à quelles nécessités intérieures elle correspond et à quelles impossibilités bien sûr elle se heurte. Mais là est le combat depuis toujours de la littérature. D’affronter sa propre impuissance. Et de la cendre des mots tout faire pour qu’en rougeoie à l’intérieur de nous les braises.
Lame de fond de Marlène Tissot, comme l’indique clairement son titre, est de ces livres portés par un désir et une maîtrise de parole qui parviennent justement à retenir un peu de ses chaleurs et de son mouvement à la vie qui déserte. Non à ressusciter bien sûr les temps ou les êtres pour toujours en-allés mais à les constituer quand même en vibrants paysages. Dans la perception juste et émotionnellement vérifiée de leurs distances. De leur durable et émouvante interpellation.À la lecture de ce beau livre, un jeune lecteur comprendra peut-être alors comment la quête de l’autre peut conduire à une redécouverte en profondeur de soi. Et quelles forces vives se communiquent parfois du souvenir des morts qui ont su nous aimer.Peut-être aura-t-il ainsi la chance de comprendre que nous ne sommes jamais seuls et que ceux qui sont condamnés à mourir vraiment sont ceux dont personne jamais plus ne se souvient. D’où la nécessité de se poser et reposer sans cesse la même question du sens que nous voulons donner à notre propre vie et de l’importance de ce que nous devons à ces morts généreux qui, n'ayant jamais de leur vivant tenté de nous soumettre aux tristes obligations de la réussite sociale continuent de nous encourager à « avancer dans la bonne direction ».Georges GuillainNOTE :Les extraits que nous proposons ici de lire seront repris dans le dossier final de l’édition 2017-18 du Prix des Découvreurs qui devrait être disponible début juillet.
Télécharger « TISSOT-Prix_des_Découvreurs-2017-2018.pdf »
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Par Antoine Gallardo le 29 Mai 2017 à 01:38
Paraîtront le 9 juin prochain Je t'écris fenêtres ouvertes d'Isabelle Alentour et Mère d'Estelle Fenzy. En voici deux extraits pour le premier titre et un pour le second. Pour celles & ceux qui souhaitent nous soutenir dans notre démarche éditoriale, un bulletin de souscription est téléchargeable ici.
Ne me montre pas laisse-moi voir ne me parle pas écoute ne me touche pas laisse-moi faire laisse-toi corps pouls et cœur laisse toi approcher envelopper contempler jouis de la lenteur mains venues retenues chair frôlée différée prolongée grains de peaux densité éprouve le suspens sur le bord de l’encore creux d’épaule et de mains ronds de hanches et de reins et de seins lèvres et langues nouées tout de sexes gorgées
Se laisser arpenter parcourir découvrir entrouvrir et ouvrir agrandir et ouvrir et ouvrir plus encore s’éprouver adonnée consacrée s'abandonner encore à chaque élan de vie se sentir défaillir et renaître augmentée se laisser chavirer engloutir et ravir sans plus rien demander ni plus rien retenir
Je t'écris fenêtres ouvertes
Isabelle Alentour
La première lettre m’accorde à la nuit
la seconde crève le silence
et me parle de ce qui
de toi
s’avance et me défait
Je t'écris fenêtres ouvertes
Isabelle Alentour
Un enfant clair est assis sur une balançoire.
Chaque jour bascule le suivant. Comme un petit domino. L’enfant bascule avec lui.
Un matin, ses empreintes aux miennes se confondent. Penchée la joue, me voilà contre ses cheveux. Il me serre, c’est la force de l’homme.
Je tends l’oreille, appelle sa voix de petit garçon. C’est une plus grave qui me répond.
Je couds patiemment la clé de la maison à sa poche béante. Je sais sa faim de découvrir le monde. Ses dents blanches. Sa grâce à vivre fort.
Je sais aussi l’abri, l’asile. L’envol, pas l’abandon.
D’un beau garçon qui grandit je suis mère.
Mère
Estelle Fenzy
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Par Antoine Gallardo le 20 Mai 2017 à 20:05
Avec un désir toujours inassouvi de poésie, la Boucherie littéraire a décidé de sortir simultanément deux recueils de poésie à l’occasion du Marché de la poésie de Paris.
Mère d'Estelle Fenzy est l'un de ces deux livres. – Toujours en cours de souscription (détails plus bas).
Le recueil est composé 19 textes qui sont un condensé d'amour maternel à fleur de chair, à fleur de peau, à fleur de femme. En voici l'un d'eux.
Enfant me suit.
Ses jambes menues courent pour me rattraper. Je ralentis, le laisse s’approcher, souris, redémarre.
Avance un peu, mon ange.
Enfant me suit.
Dans sa tête moulin, la peur pétrit son pain.
Dans sa tête, je ne me retourne pas. J’accélère. Oublie qu’il est là derrière moi. La solitude au monde tout à coup se partage. S’étale. Comme la nappe des dimanches.
Enfant me suit et soudain pleure.
Alors, dans les bras, finir le chemin pas si long entre l’école et la maison.
Un petit nez mouillé dans mon cou, je suis mère.
Estelle Fenzy est née en janvier 1969. Après avoir vécu près de Lille puis à Brest, elle habite Arles où elle enseigne.
Elle écrit depuis 2013, des poèmes et des textes courts. Au rythme de la vie, dans la vie. Le plus souvent autour d’un thème qui touche ses émotions, ses sens, sa propre existence et son cheminement. Mais quels que soient la forme et le thème, elle travaille au dépouillement, fuit le mot de trop, le superflu, l’effet joli qui éloigne de l’essentiel.
Télécharger « Souscription_Alentour-Fenzy.pdf »
Souscription ?
La souscription est un pré-achat permettant de financer les coût de fabrication d'un livre (l'impression).
Pour que le livre puisse être disponible au Marché de la poésie, faut-il encore qu'il puissent être imprimé !
Si vous souhaitez soutenir les éditions la Boucherie littéraire, vous pouvez devenir adhérent et de fait bénéficier de 25% sur le prix public de chaque livre lors des souscriptions.
Crédit photo : Rémy Fenzy
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Par Antoine Gallardo le 20 Mai 2017 à 19:30
Je n’imagine presque rien je ne rêve presque rien je ne dis presque rien
Mais il paraît qu’un mot un simple petit mot parfois dans le lointain peut toucher ou se faire désirer
Comme si le monde entier
ou peut-être un visage
s’y trouvait convoqué
En-deçà pas même un murmure
pas une trace
pas un indice
un lit pour la parole peut-être
mais plus tard
la chance d’une voix peut-être
mais plus tard
la clameur de la vie peut-être
mais
pour l’instant
dans l’instant
dans l’instant de l’instant
au jour d’avant le jour
silence du silence
Comment se nomme-t-il ce temps de tous les possibles Quand tout affleure croise circule Ce temps où l’on sait que l’on ne peut rien et où pourtant tout se peut Comment écrire ce moment où les choses s’enclenchent où s’ébauche l’accord où la phrase s’amorce dans la feuillée informe des mots Que se passe-t-il dans l’amont de la prise des corps Comment désigner cette entaille légère dans le paysage où l’on n’est rien
rien d’autre qu’attention étonnée à ce qui est en train de percer
et à quoi il est si doux
simplement
de s’abandonner
Isabelle Alentour écrit comme elle écoute, en permanence, dans une attention flottante au monde et à ses semblables qui l’habitent, à partir de toute situation vécue qui la touche, la heurte, l’enchante. À partir de ce qu’il y a de plus singulier en elle, mais comme une invitation pour chacun à se dévoiler, se révéler ou à reconnaître en lui qui il est.
Elle publie beaucoup en revues. Je t'écris fenêtres ouvertes est sa première publication.
Télécharger_Présentation_de_Je_t'écris_fenêtres_ouvertes.pdf
Crédit photo : Gratien Messina
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Par Antoine Gallardo le 11 Mai 2017 à 05:42
Ensemble ou séparément
en souscription jusqu’au 7 juin inclusTirage : 500 exemplaires
Nombre de pages : 50
Papiers de création de Fedrigoni.
Couverture :
Sirio Color/e, grain Denim,
teinte Lampone, 290 g
Intérieur :
Corps dʼouvrage : Sirio Color,
teinte Giallo 115 g.
Péritexte : Woodstock, teinte Giallo 110 g.
Tirage : 500 exemplaires
Nombre de pages : 70
Couverture :
Fedrigoni, Nettuno,
teinte Oltremare, 280 g.
Intérieur :
Corps dʼouvrage : papier Fedrigoni,
Sirio Color, teinte Celeste 115 g.
Péritexte : Arctic Paper,
Munken Print, teinte White, 115 g.
Avec un désir toujours inassouvi de poésie, la Boucherie littéraire a décidé de sortir simultanément deux recueils de poésie à l’occasion du Marché de la poésie de Paris où les éditions et les auteures seront présentes.
Ces deux recueils paraissent dans la collection La feuille et le fusil.
Sortie en librairie le 9 juin 2017Mère Estelle Fenzy Un texte
à fleur de chair,
à fleur de peau,
à fleur de femme.
Un texte à fleur de chair, à fleur de peau, à fleur de femme. J’excelle dans l’attente, ma première cellule.
J’ai mis plus d’une fois au monde. J’excelle dans la veille.
La quiétude de la maison, c’est moi.
La passante qui reste, c’est moi.
L’aile de la lumière, le temps nu tutoyé, moi encore.
La mémoire, l’urgence à combler faim et soif, à guérir les genoux, essuyer les bouches et le reste aussi oui.
Estelle Fenzy est née en janvier 1969. Après avoir vécu près de Lille puis à Brest, elle habite Arles où elle enseigne.
Elle écrit depuis 2013, des poèmes et des textes courts. Au rythme de la vie, dans la vie. Le plus souvent autour d’un thème qui touche ses émotions, ses sens, sa propre existence et son cheminement. Mais quels que soient la forme et le thème, elle travaille au dépouillement, fuit le mot de trop, le superflu, l’effet joli qui éloigne de l’essentiel.
Je t'écris fenêtres ouvertes Isabelle Alentour Une rencontre
Puis l’absence
Et le manque
Alors très vite
irriguée à la
pulsation
de l’attente
l’écriture
s’invite dans
la chambre
Une rencontre Puis l’absence Et le manque
Alors très vite irriguée à la pulsation de l’attente
l’écriture s’invite dans la chambre
Ta respiration
une apparition
ta respiration
une disparition
une mer qui se livre en secret au rythme des marées
ton souffle
une absence
ton souffle
une présence
un frisson
qui court l’eau
hésite et s’assoupit
Isabelle Alentour écrit comme elle écoute, en permanence, dans une attention flottante au monde et à ses semblables qui l’habitent, à partir de toute situation vécue qui la touche, la heurte, l’enchante. À partir de ce qu’il y a de plus singulier en elle, mais comme une invitation pour chacun à se dévoiler, se révéler ou à reconnaître en lui qui il est.
Elle publie beaucoup en revues. Je t'écris fenêtres ouvertes est sa première publication.
Télécharger « Souscription_Alentour-Fenzy.pdf »
Qu'est-ce qu'une souscription ?
Souscription le mot n'est pas très glamour, mais férocement utile dans la sphère de l'édition de poésie.
La souscription est un pré-achat permettant de financer l’édition d’un livre avant sa disponibilité en librairie. En achetant aujourd’hui en souscription, vous nous aidez à publier le prochain recueil.
Si vous souhaitez soutenir les éditions la Boucherie littéraire, vous pouvez devenir adhérent et de fait bénéficier de 25% sur le prix public de chaque livre lors des souscriptions.
Crédit photos
Estelle Fenzy : Rémy Fenzy
Isabelle Alentour : Gratien Messina
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