• Enfin un homme ose parler du livre d'Hélène Dassavray

    Estelle Fenzy nous parle du recueil d'Hélène Dassavray

    On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive d'Hélène Dassavray est un livre qui semble peu toucher les lecteurs hommes.

    Pourquoi ? La distance entre eux et la rive est-elle trop grande ? Laisserait-il indifférent ? Le sujet dérangerait-il ? Serait-il trop intime alors que l'écriture reste pudique ?

    Alors que je m'interrogeais, je reçois un appel de Jean Azarel. Au détour de la conversation, je lui fait part de mes questionnements. Ce dernier, très à l'aise, m'explique pourquoi le recueil lui a plu. Je lui demande alors s'il accepterait de rédiger un texte explicitant son point de vue. Ce qu'il a fait, et avec son accord, je vous en offre la lecture.

    Ainsi, Jean Azarel est le premier homme à "se jeter à l'eau".

     

    On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive . Tel est le postulat, et le titre, du dernier recueil d’Hélène Dassavray paru dans la collection « Sur le billot » des éditions La Boucherie Littéraire.

    A mots découverts délicatement posés à l’aune de la féminité, Hélène Dassavray raconte l’histoire dans l’Histoire des femmes fontaines, et c’est un bonheur de boire cette eau là qui mène en douceur à l’au-delà poétique.

     

    [...]

    Si une petite mort

    fait jaillir une fontaine de l’aven

    qu’en est-il de la grande et de ses abysses

     

    la femme sage

    le sait

    de source sûre.

     

    On me dira que c’est la moindre des choses que les poèmes ruissellent, coulent, inondent, éclaboussent parfois, s’épandent de page en page comme le meilleur engrais. Certes, mais ils le font ici avec une élégance mesurée, une écriture au doigté fertile, un respect de la matière transfigurée, qui appartiennent à celles qui ont vraiment vécu et savent le raconter avec une humilité palpable.

     

    Une femme voit couler son sang à chaque lune

    peut-être est-ce pour cela

    qu’elle éprouve moins le besoin

    de verser celui des autres.

     

    Il me faut l’avouer : j’ai longtemps cru que les femmes étaient les seules à pouvoir sauver le monde, et accessoirement (égoïstement) ma personne, avant de me rétracter. A la fin de la traversée délicieusement liquide effectuée avec « On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive » d’Hélène Dassavray, je me suis remis à espérer.

     

    Jean Azarel

    14 janvier 2016

     

    On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive d'Hélène Dassavray, collection Sur le billot, éditions la Boucherie littéraire, 60 pages, décembre 2015, 11 €

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